Des solutions innovantes dans le domaine de la santé ont été mises en avant lors de la deuxième édition du Forum Afrique RSE Santé et Impact, le 18 novembre dernier. Des initiatives qui intègrent désormais le numérique comme levier pour renforcer localement les systèmes de santé.
Avec des problématiques de santé publique comme le paludisme, le diabète ou encore l’hypertension, la santé fait partie des préoccupations d’un certain nombre d’acteurs du secteur privé présents en Afrique. À travers le Forum Afrique RSE Santé et Impact, l’O.N.G. Santé en Entreprise (SEE) encourage de ce fait les entreprises à intégrer la santé au cœur de leur stratégie de responsabilité sociétale. « Nous avons plusieurs exemples de la façon dont les entreprises peuvent contribuer à renforcer le système de santé : soit en étant des employeurs responsables pour protéger leurs employés lorsqu’elles opèrent dans des pays du continent, soit en tant qu’acteurs économiques, en jouant un rôle en ce qui concerne la promotion de la santé, grâce au numérique pour améliorer la qualité de l’information », explique Erick Maville, directeur général de SEE.
Le numérique pour innover dans le secteur de la santé
C’est dans ce cadre que de nombreuses solutions innovantes voient le jour sous l’impulsion du secteur privé, afin de répondre aux problématiques sanitaires locales.
C’est le cas de l’opérateur Orange qui a initié le programme Caravanes Santé en Guinée par le biais de la fondation Orange Guinée. L’objectif est ainsi, selon Amina Abou Khalil Nyame, administratrice générale de la fondation, de rendre le dépistage du diabète accessible à une partie de la population et faire du numérique un levier de développement, notamment dans le domaine de la santé. « On se doit de tenir compte des priorités nationales en matière de santé et de voir comment nous, en tant qu’acteur associatif, nous pouvons intervenir en mettant en lumière ce numérique. Dans le domaine de la santé, nous constatons qu’il peut en effet être une véritable force, grâce à laquelle nous pouvons stocker des données et permettre aux populations de suivre la caravane en temps réel », précise Amina Abou Khalil Nyame. Une révolution numérique qui pourrait « changer la donne de la santé en Afrique », assure Cheick Keita, ambassadeur à la Commission internationale des droits de l’homme (CIDH) et président d’Open Business Africa. « Nous avons des importations illicites de faux médicaments qui arrivent en Afrique. Grâce au digital, nous pouvons stopper ce fléau en créant des applications qui peuvent nous aider à détecter ces faux médicaments. Ensuite, il faut créer des initiatives digitales qui permettraient, par exemple, de soigner et détecter à distance les maladies », souligne-t-il.
Bien que les innovations dans le secteur de la santé soient de plus en plus nombreuses, ces initiatives doivent encore être soutenues et structurées, relève Erick Maville. Et d’ajouter : « De nombreuses start-up arrivent avec des prototypes ou des solutions intéressantes, mais ne parviennent pas à passer le cap du développement. L’enjeu est ainsi de faire prendre conscience aux investisseurs qu’il y a des opportunités. »
Mise en place par l’association Santé en Entreprise (SEE), la Caravane Santé Afrique, fait partie des nombreuses initiatives qui visent à renforcer l’accès au système de santé sur le continent. Erick Maville, directeur général de cette O.N.G., nous en dit plus.
De nombreux projets dans le domaine du numérique et de la santé mobile se développent. Comment ces innovations peuvent-elles améliorer le système de santé ?
La COVID-19 a révélé que les systèmes de santé en Afrique étaient très fragiles en ce qui concerne notamment l’accès au diagnostic et au dépistage. Il y a des problèmes de démographie médicale, avec un manque de personnel médical. Il y a également des zones difficiles d’accès, par conséquent une grande partie de la population reste éloignée du système de soins. C’est pourquoi nous avons actuellement de nombreuses start-up qui innovent dans le secteur de la santé en développant des applications et des solutions de téléconsultation par exemple, avec un médecin situé dans la capitale, alors que le patient est en zone rurale. Mais tout cela reste quand même tributaire de la qualité du réseau. C’est pour cette raison que des projets autour de la santé mobile se mettent en place, sous forme soit de caravane santé, soit d’équipes mobiles qui vont aller à la rencontre des populations, plutôt ce soit les patients qui se déplacent vers les centres de soins.
Dans quels pays ont été implantées ces caravanes santé ?
Les premières caravanes santé ont été mises en place avec succès en outre-mer en 2011 pour le dépistage du diabète et de l’hypertension artérielle. Depuis 2018, nous avons ensuite déployé ce concept dans cinq pays en Afrique ; en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Guinée, au Cameroun et au Burkina Faso, pour le dépistage du V.I.H., du palu, des hépatites ou encore du diabète. Puis, du 14 au 18 novembre, la première caravane sur la thématique du diabète a été lancée au Togo. Nous croyons beaucoup en cette manière d’intervenir et espérons développer ce projet vers d’autres pays, notamment le Bénin, le Maroc et la République Démocratique du Congo.
Comment avez-vous adapté ce concept au contexte des pays africains ?
Nous avons déployé ces caravanes en Afrique avec une spécificité ; on a considéré qu’elles devaient avoir une approche multimaladie. Nous sommes ainsi capables de dépister cinq ou six pathologies dans un seul dispositif médical, grâce à des tests rapides qui nous permettent de fournir un résultat presque immédiat. On évite par conséquent que les personnes se déplacent pour se faire dépister dans un laboratoire et revenir ensuite chercher le résultat. Tout un dispositif confidentiel et protégé a donc été déployé pour que chacun puisse venir faire son dépistage multimaladie de manière anonyme et gratuite. Il est important de préciser que nous ne sommes pas une structure de soins, on ne prend pas en charge des patients chez qui a été dépisté un problème de santé. En revanche, nous avons un personnel de santé, notamment un médecin présent, pour orienter les personnes qui ont en besoin vers un suivi médical adapté.
Comment est financé ce projet ?
Ce sont des financements privés. On se rend compte que toutes ces initiatives sont surtout portées par des acteurs privés qui sont principalement des O.N.G., des entreprises ou des fondations d’entreprise. Notre objectif est que ces projets pilotes, qui ont beaucoup d’intérêt en matière d’impact et d’innovation, puissent intégrer aussi des financements publics, afin qu’ils soient pérennisés et que cela aide à leur déploiement. Nous n’y sommes pas encore, mais c’est tout l’enjeu.
Source : Africa on Air